Rendez-Vous Economiques de la Méditerranée : numérique et emplois au cœur du débat.

La douzième édition des Rendez-Vous Economiques de la Méditerranée s’est déroulée le jeudi 3 novembre dans l’amphithéâtre de la Villa Méditerranée, rassemblant des invités prestigieux autour de deux tables rondes.

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Après avoir introduit les enjeux et impacts du numérique et saluant au passage le travail remarquable de l’équipe de l’OCEMO, M. Jean Roatta, Adjoint au maire en charge de la communication euro-méditerranéenne, a rappelé les grands défis économiques, sociaux et culturels auxquels doit désormais faire face la Méditerranée.

Rive nord, rive sud : le challenge des nouvelles asymétries de pouvoir 

Les intervenants de la première session ont tous relevé l’importance des nouvelles technologies dans la création d’emplois, car la population des pays méditerranéens est toujours plus nombreuse et toujours plus jeune. Ils ont d’ailleurs insisté sur les opportunités que représentent les moyennes, petites et micro entreprises en termes d’employabilité.

Le numérique, en impactant sur le travail, agirait sur les deux rives et permettrait de réduire la fracture géographique. Pour Henri Malosse, membre du Comité de suivi Euromed du Conseil économique et Social européen, elle pourrait même disparaître. Mme Patricia Augier (FEMISE) tempère néanmoins : si le numérique est un « formidable instrument d’inclusivité, les effets attendus ne seraient pas, pour l’instant, au rendez-vous ». Pour éviter une aggravation des inégalités, une action publique serait nécessaire.

Pour M. Badreddine Ouali, Président de Vermeg, Tunisie, les technologies du numérique pourraient permettre de rattraper l’écart entre le sud et le nord par un shortcut : plutôt que d'essayer de combler ce gap, il faudrait adapter les nouvelles technologies aux pays. En Tunisie la majorité de la population possède un smartphone et le réseau 4G s’est largement implanté. Ainsi il serait plus judicieux de développer les technologies mobiles plutôt que d’installer de coûteuses infrastructures en milieu urbain.

La formation, clé de voûte du “challenge numérique” 

Formation des jeunes, mais aussi formation continue des travailleurs pour éviter l'obsolescence. Les intervenants s’entendent sur l’importance de la mise en place d’une politique de formation aux futurs emplois du numérique, comme c’est déjà le cas en Algérie où un établissement d’excellence pour les contenus numériques a été créé. Pour M. le Ministre Mohamed Mebarki, l’enjeu est de taille : les métiers du numérique pourraient devenir une véritable alternative au domaine des hydrocarbures.

Mme Françoise Benhamou, membre du Cercle des Economistes et du Collège de l’ARCEP a rappelé l’importance de faire avancer les “chantiers institutionnels et académiques” et donc de mettre en place un accompagnement social afin de ne pas laisser les technologies dépasser les ressources humaines.

Ainsi, la coopération euro-méditerranéenne qui vise à accompagner le développement du numérique serait “le projet politique de ce siècle” pour M. Malosse, pour qui la réussite passera par l'association dès le début des différents acteurs sur une réflexion commune et pas seulement sur l’exécution.

Anticiper les métiers du futur

La seconde session, introduite par M. Jean-Louis Reiffers, Président de l’Ecole de la Deuxième Chance de Marseille, rassemblait plusieurs intervenants sur le sujet des entreprises numériques et des politiques publiques incitatives nationales et de coopération. M. Nicolas Schmit, Ministre du travail, de l’emploi et de l’économie sociale et solidaire du Luxembourg a ainsi appuyé l’importance de la formation faisant connaître son souhait de préparer les jeunes aux nouveaux métiers malgré une difficulté : quels vont être ces métiers du futur ? “Ce qui vaut aujourd’hui ne vaudra plus dans cinq ans”. Il faudrait d’ores et déjà requalifier les personnes, rive nord comme rive sud, afin de réduire les écarts.

Le numérique peut créer mais aussi détruire des emplois, en particulier les emplois intermédiaires qui ne demandent pas de grandes qualifications et sont facilement remplacés. Encore une fois, les intervenants ont rappelé l’importance primordiale de la formation. Ce point a été appuyé par M. Alain Assouline, Président de Webforce3, une école du numérique qui s’engage à former des travailleurs en trois mois seulement pour répondre au mieux et presque en temps réel aux besoins des entreprises.

Pour M. Nicolas Schmit, il appartient à la politique, mais pas uniquement, de façonner ce changement profond.

Dans tous les domaines, une transition inéluctable vers le numérique 

Après ces tables rondes, pour M. Jean-Hervé Lorenzi, Président du Cercle des Economistes français et M. Nicolas Schmit, un constat s’est imposé : la transition numérique est inéluctable et constitue un développement de l’économie et du marché du travail. Sur les deux rives, l’enjeu ne consiste pas à s’y opposer mais plutôt à l’accompagner.

Cette révolution industrielle, comparable à l’essor de la machine à vapeur, ne serait toutefois pas exempte de dangers, notamment en termes d’emploi. Il conviendrait donc de la réguler afin de la rendre équitable. La politique publique en termes de numérique devra être “avant tout positive afin de favoriser l’essor du numérique”. L’enjeu consiste désormais à créer un environnement favorable au développement numérique dont les principaux acteurs seront les secteurs privés et l’action publique, pour une action face au renouvellement accéléré et à l’obsolescence des compétences, un soutien aux travailleurs indépendants, une décentralisation dans un but d’équilibrer les territoires et enfin l’investissement dans les infrastructures.

Source de l'article l'OCEMO

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