Vingt ans après la déclaration fondatrice de Barcelone, le secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée fait le point sur un partenariat régional très ambitieux.
Le 28 novembre 1995, réunis à Barcelone, quarante-trois États d’Europe et de la Méditerranée déclaraient « établir entre les participants un partenariat global – partenariat euro-méditerranéen – à travers un dialogue politique renforcé et régulier, un développement de la coopération économique et financière et une valorisation accrue de la dimension sociale, culturelle et humaine ». En 2008, le processus de Barcelone aboutissait à la création de l’Union pour la Méditerranée (UPM). Vingt ans après la déclaration fondatrice, le secrétaire général de l’UPM, Fathallah Sijilmassi, fait le point sur l’ambitieux projet.
Jeune Afrique : Quel bilan tirez-vous de ces vingt années de processus euro-méditerranéen ?
Fathallah Sijilmassi : Je retiens avant tout l’engagement continu de l’ensemble des États de maintenir et de renforcer ce cadre de coopération régionale. C’est cette motivation qui a conduit, en juillet 2008, à la création de l’UPM pour rééquilibrer l’approche euro-méditerranéenne, alors que la première phase du processus avait été surtout dirigée par les pays du Nord. Ce rééquilibrage s’est réalisé notamment par le système de la coprésidence Nord-Sud assurée depuis 2012 par l’UE et la Jordanie, et celui de la direction du secrétariat général, confiée à un ressortissant du Sud.
Comment agit l’UPM ?
L’UPM travaille à trois niveaux. Celui des rencontres à l’échelle politique tout d’abord – nous avons eu jusqu’à maintenant sept conférences interministérielles, sur le renforcement du rôle des femmes, le transport, l’énergie, l’environnement et le changement climatique, l’économie numérique et l’économie de la mer. Nous agissons aussi comme plateforme de dialogue ouvert à tous acteurs de la coopération : société civile, secteur privé, collectivités locales, réseaux académiques, parlementaires, etc. C’est dans ce cadre-là que sont enfin identifiés les différents projets structurants sur lesquels nous travaillons.
Il y a 33 projets labellisés UPM pour une valeur de
5 milliards d’euros, et 18 de ces 33 projets sont déjà mis en œuvre
Parlez-nous de ces projets concrets…
Trois axes stratégiques, liés aux grands défis de l’émigration et de l’extrémisme, résument notre action : croissance inclusive et employabilité des jeunes, développement urbain et renforcement du rôle de la femme. Sur le premier point, je citerai l’Université euro-méditerranéenne de Fès, au Maroc, dont les portes ouvriront officiellement en septembre 2016 mais qui est déjà opérationnelle. Sur le deuxième, j’évoquerai le programme Urban Projects Finance Initiative [UPFI] pour l’identification de quinze projets de développement urbain dans les neuf pays du Sud.
À ce jour, trois d’entre eux sont déjà à un stade avancé de préparation : l’assainissement de la côte de Sfax Taparura, en Tunisie, l’amélioration urbanistique du quartier populaire d’Imbaba, au Caire, en Égypte, et le développement de la vallée du Bouregreg, à Rabat, au Maroc. Sur notre troisième pilier, je veux citer le projet développé avec Sciences-Po Paris, « Femmes d’avenir en Méditerranée », qui vise à la formation de jeunes femmes ayant un potentiel de leadership. En chiffres, il y a 33 projets labellisés UPM pour une valeur de 5 milliards d’euros, et 18 de ces 33 projets sont déjà mis en œuvre.
Libye, Palestine, Daesh, crises économiques et migratoires : les États n’ont-ils pas d’autres priorités qui relèguent le processus au second plan ?
Avec les crises sécuritaires, économiques et migratoires que nous vivons, il n’y a qu’une conclusion confirmée : l’importance de la coopération régionale. Il n’y a pas de défi qui soit strictement national, ces crises affectent uniment les différents pays de la région, et ces défis globaux appellent des réponses globales. Entre Europe, Afrique et Asie, l’UPM en est le meilleur instrument.
Par Laurent De Saint Perier - Source de l'article Jeune Afrique Magazine
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