Semaine Economique de la Méditerranée : les nécessaires connexions entre les rives de la Méditerranée

« Marseille, c’est 26 siècles d’Histoire au cœur de la Méditerranée et c’est une ville au centre d’un territoire connecté », indique, en ouverture de la dixième semaine économique de la Méditerranée, Bernard Valero, le directeur de l’Agence des villes et territoires méditerranéens durables (Avitem) et de la Villa Méditerranée. 

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(Crédit photo : Bernard Royo)
« Le développement économique est un enjeu, poursuit-il, nous sommes bien outillés à Marseille pour relever ce défi. Mais, nous ne réussirons que si nous sommes connectés avec nos voisins de la Méditerranée et au-delà car, il faut éviter toute amorce de fracture numérique entre les rives de la Méditerranée ».
Assia Bensalah Alaoui, co-présidente de l’Office de coopération pour la Méditerranée et l’Orient (Ocemo), ambassadeur itinérant du Roi du Maroc, souhaite « des débats fructueux » avant de déplorer : « trop de personnes jugent la Méditerranée à l’aune des zones d’ombre. Mais, nous n’allons pas céder aux sirènes des Cassandre et nous allons offrir l’avenir auxquels des milliers de jeunes aspirent ». « C’est notre solidarité qui doit prévaloir pour conforter notre vivre ensemble si malmené mais si nécessaire », lance-t-elle, avant de rappeler que pendant trois jours chercheurs, entrepreneurs et politiques « vont se pencher sur les pistes à creuser, les politiques à confectionner afin de montrer les chemins vers la lumière ». Pour Assia Bensalah Alaoui : « Une nouvelle aire s’est ouverte avec le numérique. Il transforme des systèmes de production, des modes de vie, jusqu’à nos chaînes de pensée. Il offre des opportunités formidables, un potentiel infini. Mais lourdes de risques sont les périodes de transition. Comment allons nous garantir la formation de tous, y compris des moins jeunes ? Il faut éviter la déconnexion entre l’Occident connecté et un Islam déconnecté si prôné par les forces rétrogrades. Et, il faut aussi éviter la déconnexion au sein de nos sociétés. Car, il ne faut pas d’un système où le savoir maintien l’ignorance et la pauvreté. Une coopération renforcée, une solidarité agissante doivent prendre tout leur sens pour notre Méditerranée ».

« 13 câbles sous-marins sur 260 débouchent à Marseille »

Pierre-Jean Benghozi, membre du collège de l’Autorité de Régulation des communications Électronique et des Postes et Adel Ben Youssef, maître de conférences, Université de la Côte d’Azur plantent le décor de cette semaine. Le premier indique : « Marseille est très connectée, 13 câbles sous-marins sur 260 débouchent à Marseille  », puis d’en venir aux trois piliers du numérique : « La technologie, l’infrastructure qui permet de faire circuler et traiter l’information de la connaissance ; les chaînes de valeur qui évoluent. On le voit, entre autres, avec l’uberisation de la société. On repense l’offre de services, l’économie de ces services. Cette arrivée de nouveaux intervenants complexifie la situation et rend essentiel le rôle de la gouvernance et de la régulation. Enfin dernier pilier, l’économie numérique revisite la question de la localisation. Le numérique globalise l’offre et, dans le même temps, redonne toute son importance au territoire. C’est bien parce qu’il y a des fournisseurs locaux et des clients locaux que la plateforme globale fonctionne ». « L’économie numérique, poursuit-il, c’est un nouveau monde, une industrie de coût fixe. Il faut investir beaucoup dans un premier temps. C’est une économie de réseau qui va favoriser des effets de monopole, c’est donc une vraie épreuve pour le régulateur ».
« Je vois arriver un tsunami numérique », proclame Adel Ben Youssef selon lequel « confrontés à cela les pays méditerranéens doivent construire des pilotis pour installer une plateforme sur laquelle ils pourront se poser les bonnes questions pour y répondre ». Il développe sa pensée : « Nous allons connaître dans les cinq prochaines années une révolution équivalente à celle des ... cinquante dernières années ». Il rappelle que les réseaux sociaux voient le jour en 2004, l’internet mobile en 2008. « Nous sommes devenu l’Homme Terminal, nous sommes connectés » « Plus de 90% des données générées par l’Humanité l’ont été lors de ces deux dernières années », avance-t-il. Avant de considérer : « Nous assistons à une course folle pour être la ville connectée mais pourquoi ? Ce doit être pour organiser une mobilité pertinente et développer les solidarités  ». Il évoque les robots « qui sont entrés dans nos mœurs ». Parle de deux rapports sur l’intelligence artificielle qui ont été remis à Obama. « Ce dernier a immédiatement tenu à les rendre public indiquant que son successeur devrait gérer un pays transformé par l’intelligence artificielle ». Il reprend : « Que dire de l’impression 3D, de la révolution qu’elle va produire ? Sans oublier les routes et les autoroutes qu’il va falloir modifier pour les voitures et les camions autonomes ». Pour Adel Ben Youssef c’est dans l’arrivée en même temps de toutes ces technologies que réside le tsunami numérique. « Face à cela, il faut assurer la connectivité de tous les citoyens car autrement il existera un monde connecté et un sous-monde. Il faut modifier la politique de subvention. En Tunisie, par exemple, on subventionne fortement les transports, ne vaudrait-il pas mieux subventionner la connectivité ? Il faut changer également le modèle éducatif, promouvoir l’administration numérique. Il faut, enfin, préserver les libertés fondamentales sur Internet »

Par Michel CAIRE - Source de l'article Destimed

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