La conférence Tunisia 2020 sera organisée à Tunis les 29 et 30 novembre prochains. En préambule, les responsables économiques du pays sont actuellement en tournée européenne pour attirer les financeurs.
Dominique Strauss-Kahn a été appelé au chevet d’une Tunisie encore convalescente, plus de cinq ans après la révolution. L’ancien directeur général du FMI fait partie, via son cabinet Parnasse et la banque Arjil, du consortium qui accompagne Tunisie 2020, la conférence des investisseurs organisée à Tunis les 29 et 30 novembre prochains et pour laquelle Havas assure la communication.
Après être passés par les Etats-Unis, les responsables tunisiens réalisent actuellement un roadshow en Europe pour « vendre » l’image du pays. Les autorités ont établi un plan national de développement 2016-2020, qui portera sur 60 milliards de dollars de projets publics et privés. Et souhaitent définitivement sortir de la période de transition qui a vu se succéder sept chefs de gouvernement en cinq ans, et de la sinistrose liée aux derniers attentats du Bardo et de Sousse en 2015. « On devrait enfin avoir de la stabilité, indique un analyste du pays. Les islamistes sont définitivement entrés dans le jeu politique et jouent le pragmatisme plus que l'idéologie, ils ont intérêt à travailler à la relance pour conserver leurs postes dans l’administration et poursuivre l’émergence d’hommes d’affaires qui les soutiennent. »
Le nouveau gouvernement avec à sa tête Youssef Chahed, un Premier ministre libéral de 41 ans, a pris ses fonctions à la fin du mois d’août et met en œuvre une feuille de route économique. Elle vise à relancer une croissance molle (0,8 % en 2015 et 1,5 % attendu cette année). « Nous avons vécu cinq années difficiles et avons été au bord de la rupture, confie Mohamed Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale. Mais nous n’avons pas sombré comme d’autres pays du Printemps arabe. Le Parlement est multicolore, l’islam et la démocratie font bon ménage et un gouvernement d’union nationale a été mis en place. » Pour cet ancien président du Conseil d’administration de la Bourse de Tunis, il est plus que temps de récolter les dividendes économiques de la transition politique.
Le budget de l’Etat est passé de 9 à 13,4 milliards euros en cinq ans à la suite des embauches massives dans l’administration et les entreprises publiques. La dette publique est passée de 12 à plus de 20 milliards d’euros. Pour relancer la machine, « nous allons inverser la spirale expansionniste car nous n’avons plus de marge de manœuvre, et attirer les investissements », poursuit Mohamed Fadhel Abdelkefi.
Objectif : relancer l’activité économique. Le tourisme a souffert de la crise sécuritaire, l’agriculture se porte mal et la production de phosphates est en déclin. En cinq ans, près de 2 000 entreprises, dont 600 étrangères, ont plié bagage ou fermé leurs portes. Les tensions sociales sont importantes avec près de 650 000 chômeurs, dont la moitié de jeunes diplômés du 3e cycle.
Pour accroître l’attractivité du pays, les autorités ont récemment adopté un nouveau Code d’investissement, une loi d’urgence, et mis en place un guichet unique afin de simplifier les procédures. Elles comptent aussi élargir l’assiette fiscale pour retrouver des marges de financements. « Il y a 8 000 médecins dans le pays mais leur impôt correspond à une activité égale à 1,5 patient par jour et par praticien », souligne le ministre qui vise aussi les avocats soupçonnés d’évasion fiscale. Les autorités ont aussi levé le secret bancaire et souhaitent s’attaquer à l’économie informelle.
Le FMI a récemment débloqué un prêt de 2,55 milliards d’euros. Lors de la conférence Tunisie 2020, les pays du Golfe ont prévu de soutenir la relance des activités. Reste à concrétiser les promesses d’aide des Européens, accusés de ne pas assez se préoccuper de la relance de leur frère du sud méditerranéen.
Par Pascal ayrault - Source de l'article l'Opinion
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