Déclaration d’Athènes du premier Sommet des pays méditerranéens de l’Union européenne

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Nous, Chefs d’Etat et de gouvernement de la République de Chypre, de la France, de la Grèce, de l’Italie, de Malte, du Portugal et d’Espagne, nous sommes réunis à Athènes afin de renforcer notre coopération et de contribuer au dialogue sur l’avenir de l’UE.
Nous exprimons notre profond attachement à l’unité européenne et notre ferme conviction qu’en agissant ensemble, nos pays sont plus forts et les citoyens européens mieux à même d’être maîtres de leur destin.
Nous respectons le souhait du peuple britannique exprimé dans le récent référendum. La notification par le Royaume-Uni de sa décision de sortir de l’UE devrait être faite dès que possible. A l’avenir, nous espérons que le Royaume-Uni sera un partenaire proche de l’UE.
Nous sommes convaincus que l’Union européenne a besoin d’une nouvelle impulsion afin de relever les défis communs auxquels sont confrontés les Etats membres, en défendant ses valeurs de liberté, de démocratie et d’Etat de droit, comme de tolérance et de solidarité.
Cette vision pour l’Europe doit s’appuyer sur des mesures concrètes qui contribueront à la sécurité des citoyens européens et amélioreront leur vie, consolideront le rôle mondial et régional de celle-ci, amélioreront le fonctionnement des institutions européennes et assureront leur responsabilité démocratique. La culture et l’éducation devraient être au cœur des actions de l’Europe, dans ce cadre.
Nous sommes également fermement convaincus qu’il est dans l’intérêt de l’Europe dans son ensemble que notre projet européen commun soit fondé sur une vision de la Méditerranée en tant que région de paix, de stabilité et de prospérité.
Nous estimons que le sommet informel de Bratislava le 16 septembre doit jeter les bases politiques de cette nouvelle vision et définir les grandes priorités pour l’avenir ainsi qu’un programme d’action avec des mesures concrètes à adopter.
Dans ce cadre, nos pays, membres de l’espace Schengen et de la zone euro, proposent les priorités et mesures suivantes :
1. Garantir la sécurité intérieure et extérieure de l’Europe
L’UE doit renforcer sa capacité à garantir la sécurité de ses citoyens et de son territoire, se montrer à la hauteur de la responsabilité qui est la sienne de répondre aux crises et agir en faveur de la paix et de la stabilité dans sa région et dans le monde, en soutien de la Politique de sécurité et de défense commune et dans le respect avec la Charte des Nations-Unies. A cette fin, nous devons renforcer notre coopération et nos moyens communs en matière de sécurité et de défense, dans un esprit de solidarité.
Le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale ainsi que l’inviolabilité des frontières doivent rester des principes fondamentaux pour l’UE.
A cet égard, nous appuyons le processus de négociations en cours en vue d’un règlement juste, viable et global de la question chypriote, sans garanties, sur la base des décisions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies et du statut de Chypre en tant qu’Etat membre de l’UE.
En particulier, l’UE devrait :
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assurer la protection de ses frontières extérieures grâce à des contrôles systématiques et aux équipements et technologies nécessaires, à l’interconnexion des bases de données pertinentes et à la mise en place effective d’un corps européen de garde-frontières et de garde-côtes d’ici à la fin de l’année ;

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renforcer résolument sa coopération dans la lutte contre le terrorisme, en fournissant les outils nécessaires, plus spécialement en matière de police et de justice, et en développant des coopérations pour lutter contre le phénomène de radicalisation, y compris à travers la promotion d’initiatives concrètes permettant les investissements dans la régénération, l’aménagement et des politiques adéquates pour les périphéries des villes européennes. L’échange de renseignements doit être amélioré, notamment en créant une plateforme dédiée pour l’échange en temps réel et multilatéral. Nous renforcerons également la coopération avec les partenaires méditerranéens ;

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redynamiser sa politique étrangère et de sécurité commune en ligne avec la stratégie globale pour l’orientation stratégique et multiplier les initiatives diplomatiques pour la résolution des conflits et la gestion des crises, en prenant en compte également le retour d’expérience ;

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renforcer les capacités militaires et l’industrie de la défense européennes afin de parvenir à l’autonomie stratégique, notamment grâce à un programme européen de recherche et un fonds pour la sécurité et la défense ; mettre progressivement en place une capacité européenne de planification et de conduite pour les missions et opérations européennes dans le cadre de la PSDC. Il convient d’exploiter pleinement le potentiel du Traité de Lisbonne.

2. Renforcer la coopération en Méditerranée et avec les pays africains
Nos partenariats avec les pays méditerranéens et africains sont indispensables à notre sécurité, notre stabilité et notre prospérité communes.
L’UE devrait :
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accroître toutes ses coopération et ses financements en vue d’appuyer les efforts de nos partenaires pour assurer leur propre sécurité, lutter contre l’immigration irrégulière et promouvoir leur développement économique ;

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en particulier, renforcer la dimension extérieure de la politique migratoire de l’UE et l’intégrer à l’action extérieure et de développement menée par l’UE. Sur cette base, et compte tenu du Plan d’action de La Valette et d’autres dispositifs existants, les efforts visant à mettre en œuvre le cadre de partenariat sur les migrations et à conclure des pactes avec les pays d’origine et de transit doivent être renforcés et bénéficier d’un financement suffisant.

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renforcer l’action diplomatique en vue de régler les crises et de contribuer à la paix et la stabilité dans son voisinage.

3. Promouvoir la croissance et l’investissement en Europe
L’Europe doit tenir sa promesse de prospérité et de justice sociale. Il nous faut davantage de croissance et d’investissements pour surmonter la crise économique, créer des emplois, protéger notre modèle social et préparer l’avenir de nos économies. Nous sommes résolus à préserver l’acquis social européen et à promouvoir la cohésion sociale et la convergence.
Nous réaffirmons notre engagement en faveur du processus d’intégration européenne et du développement durable de l’Europe sur la base d’une croissance économique équilibrée, de la stabilité des prix et d’une économie sociale de marché hautement compétitive, visant à assurer le plein emploi et le progrès social.
En particulier, l’UE devrait :
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encourager l’investissement en doublant la capacité de financement du Fonds européen pour les investissements stratégiques (« Plan Juncker »), en mettant l’accent sur des priorités essentielles telles que l’économie numérique, des projets à faible intensité de carbone en matière d’énergie et de transports, les infrastructures ainsi que la recherche et la formation.

La question des blocages, lorsqu’ils existent, devra être réglée afin de promouvoir l’investissement et de favoriser la croissance économique pour tous les citoyens.
Ces mesures devraient être complétées par des politiques européennes soutenant les financements et les investissements, notamment l’achèvement de l’Union bancaire et des incitations à l’investissement au niveau national, de même que des politiques et règlements concernant le marché unique numérique, l’Union de l’énergie et une stratégie industrielle.
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promouvoir l’emploi et améliorer les conditions de vie et de travail. A cette fin, nous devons poursuivre résolument les réformes structurelles orientées vers la croissance afin de renforcer la compétitivité européenne ;

Par ailleurs, les projets d’investissement dans les pays ayant les taux de chômage les plus élevés et les projets transfrontaliers représentant un intérêt commun européen et favorisant l’innovation et l’intégration du marché devraient être promus.
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renforcer encore les actions de lutte contre l’évasion fiscale, la planification fiscale agressive ainsi que le dumping fiscal ;

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lutter contre le dumping social en s’attaquant aux questions liées à la fraude, aux abus et au détournement des règles

De nouvelles mesures doivent être prises pour améliorer la croissance, la convergence et la stabilité dans la zone euro.
Le processus de ratification de l’Accord de Paris dans le cadre de la COP 21 par l’UE et ses Etats membres doit être accéléré afin qu’ils puissent devenir parties à cet accord dès son entrée en vigueur.
4. Renforcer les programmes destinés à la jeunesse
Nous avons besoin d’initiatives plus ambitieuses au niveau européen afin de faciliter la mobilité ainsi que l’accès des jeunes à la formation et à l’emploi. L’Europe devrait notamment étendre et amplifier l’Initiative pour l’emploi des jeunes et élargir le programme Erasmus.
5. Répondre au défi des migrations
La protection efficace des frontières extérieures de l’UE et la gestion ordonnée de la politique en matière d’asile et de migrations constituent des défis majeurs pour l’avenir de l’Europe. Le racisme et la xénophobie ne peuvent pas être tolérés. 
Une politique globale en matière de migratoire devrait prévoir les mesures suivantes :

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rendre le dispositif d’asile européen plus efficace et plus convergent, en révisant le système de Dublin sur la base des principes de responsabilité et de solidarité, en particulier vis-à-vis des Etats situés en première ligne ;

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redoubler les efforts pour détacher des personnels auprès de FRONTEX et d’EASO ainsi que pour appuyer les régimes d’asile des Etats situés en première ligne ; mettre en oeuvre les conclusions du Conseil européen relatives à la nécessité d’accélérer les relocalisations ; de continue la mise en oeuvre de l’accord UE-Turquie afin de continuer à prévenir des pertes humaines tragiques et les flux migratoires en Mer Egée ;

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développer notre politique migratoire en luttant contre les migrations irrégulières, en mettant en place des dispositifs solides de réadmission et de retour, en progressant vers des possibilités de migration et de mobilité légales et en s’attaquant aux causes profondes des migrations illicites.

Nous soutenons la stabilité à la tête de toutes les Institutions européennes. 
Nous sommes convenus de poursuivre nos échanges sur les priorités pour l’avenir de l’Europe et sur la coopération en Méditerranée.

Le 2ème Sommet des pays méditerranéens se tiendra au Portugal.
Source de l'article DiplomatieGouv

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