L’Algérie cherche à développer des « colocalisations » pour prendre le relais d’un modèle rentier à bout de souffle.
Requinquée par l'accord historique, mercredi, du cartel des exportateurs de pétrole qui a dopé le prix du baril, l'Algérie accueille du 3 au 5 décembre le plus grand forum africain d'investissements et d'affaires. Près de 2.000 chefs d'entreprises originaires des 53 pays du continent et d'Europe, des Etats-Unis, de Chine ou de Turquie, sont attendus pour explorer les pistes d'un codéveloppement « à l'africaine ».
Modèle rentier d'hydrocarbures à bout de souffle
Les « colocalisations », investissements sur plusieurs sites pour profiter des avantages comparatifs de pays différents, et partenariats intra-africains paraissent en effet aujourd'hui indispensables à une Algérie dont le modèle rentier d'hydrocarbures est à bout de souffle.
Le fonds de régulation des recettes (FFR), chargé de couvrir les périodes de vaches maigres, serait virtuellement à sec aujourd'hui, alors qu'il atteignait 5.633 milliards de dinars (l'équivalent de 47 milliards d'euros au cours actuel) en 2012. Une situation dramatique puisque le FFR permettait d'acheter la paix sociale , alors que les exportations algériennes, à 94 % à base d'hydrocarbures, ont reculé de 29 % sur les huit premiers mois de 2016 par rapport à la période équivalente de 2015 et que le chômage des jeunes demeure supérieur à 30 %.
Optimisme
Pourtant, Mehdi Bendimerad, président des relations internationales du Forum des chefs d'entreprise (FCE), association patronale chargée de promouvoir l'esprit d'entreprise, se veut optimiste. Il s'appuie sur le dynamisme de l'agroalimentaire, secteur privatisé au taux de croissance à deux chiffres, les promesses dans le numérique et l'endettement extérieur inférieur à 3 % du PIB, un ratio presque sans équivalent.
Un optimisme que pourrait étayer une croissance estimée officiellement à 3,4 % en rythme annuel au deuxième trimestre, selon la banque centrale. Brahim Benabdeslem, vice-président du FCE, fait valoir toutefois que l'actuel projet de budget 2017 peut avoir des effets déflationnistes, via une baisse de 22 % des investissements malgré les besoins en infrastructures.
Par Yves Bourdillon - Source de l'article Les Echos
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