Vingt-cinq ports de Méditerranée se sont réunis à Marseille les 29 et 30 novembre pour affirmer leur rôle dans des échanges mondiaux qui évoluent et encourager les coopérations. Ils ont promis de renouveler l'expérience, en attendant de créer une structure permanente.
Le port de Barcelone a créé Intermed Gateways avec ses homologues de Gênes et Marseille en 1998 © Franck André |
Les 29 et 30 novembre, vingt-cinq ports ont répondu à l'appel des membres d'Intermed Gateways (l'entité commune des ports de Barcelone, Marseille et Gênes). Après deux jours d'échanges, ils ont visiblement apprécié l'expérience et se sont montrés enthousiastes à l'idée de se revoir. Par l'intermédiaire du questionnaire qu'elles avaient été invitées à remplir, la totalité des autorités portuaires représentées se sont ainsi prononcées pour renouveler l'expérience.
Lors de l'ouverture, la directrice du Grand Port maritime de Marseille-Fos, Christine Cabau-Woehrel, avait rappelé le but de ce premier Med Ports Forum, suivi par plus d'une centaine de personnes. Il s'agissait d'encourager la coopération entre les ports du bassin méditerranéen, notamment dans les domaines de la sûreté-sécurité, de l'environnement et de la logistique dans une démarche commerciale pour capter un maximum de trafics : "gagner des parts de marché en contribuant à la création de nouvelles routes maritimes internationales au profit de la Méditerranée". La présidente du directoire du GPMM s'est félicitée du soutien de l'Union pour la Méditerranée, qui avait labellisé l'événement.
Une initiative portuaire
Pour Silvio Ferrando, directeur du développement du port de Gênes, "trois ports majeurs de la Méditerranée sont venus pour dire que nous devons travailler ensemble dans un contexte difficile. Nous avons des raisons objectives de le faire, même si certains sont dans une situation concurrentielle". Le dirigeant italien a aussi appelé l'Europe à lancer des projets de développement avec les ports d'Afrique du Nord et du Proche-Orient : "Pour nous aider, nous devons les aider".
Silvio Ferrando a émis le souhait de voir ce premier rendez-vous "se transformer en une structure pérenne", ce dont s'est réjouie Isabelle Ryckbost. La secrétaire générale de l'association des ports européens (Espo) a vanté la Baltic Ports Organisation, "le modèle le plus intégré de coopération" interportuaire. Elle a jugé "important que l'initiative vienne des ports et non des gouvernements", une idée qu'a partagé Christine Cabau-Woehrel au cours des débats, arguant que les solutions à chaque problème sont multiples et que les réalités sont parfois bien différentes d'un port à l'autre.
"Un rééquilibrage du sourcing vers l'axe Nord-Sud au détriment de l'axe Est-Ouest"
La Française a souligné l'importance de partager les bonnes pratiques, notamment dans les domaines de l'environnement, du GNL, du branchement à quai et des normes d'émissions imposées par l'OMI.
Pour autant, la directrice du port de Marseille-Fos se veut lucide sur les intérêts politiques existant derrière les entités portuaires : "Il y a des sujets sur lesquels tout le monde a envie de collaborer, et d'autres où c'est moins le cas".
Reconfiguration des lignes maritimes
Le contexte mondial encourage les acteurs de la région. Le relatif ralentissement de l'économie chinoise, le phénomène de relocalisation en Europe de certaines activités, les enjeux environnementaux et le développement attendu des pays du Sud fait croire à de nombreux participants que le bassin méditerranéen sera la principale zone de croissance pour le transport maritime dans un avenir proche. Christine Cabau-Woehrel s'attend ainsi à "un rééquilibrage du sourcing vers l'axe Nord-Sud au détriment de l'axe Est-Ouest". Pour elle, la réduction de la vitesse de navigation, qui a allongé le transit-time, "amènera à revoir les modèles", relançant par exemple l'intérêt du rail en bout de transport maritime, notamment entre les ports du Sud de l'Europe et le Nord du continent. De son côté, Silvio Ferrando posait la question de savoir si "le concept de hubs ne commence pas à se démoder".
Dans ces optiques, les professionnels du secteur privé invités au Med Ports Forum sont venus exprimer leurs attentes vis-à-vis des ports mais aussi proposer leur contribution au développement de l'activité en Méditerranée. Les orateurs – institutionnels, experts, transporteurs ou chargeurs – ont quasi unanimement fustigé les grands opérateurs de ligne régulière, en dénonçant tour à tour la fragilité de leurs engagements, la course au gigantisme, la surcapacité et le phénomène de concentration du secteur, illustré pendant les débats par la nouvelle d'un intérêt de Maersk pour Hamburg Süd.
Fixer des objectifs concrets
"Le monde a changé et nous sommes maintenant au centre des échanges mondiaux", a estimé en conclusion de ces deux jours le directeur général adjoint du port de Barcelone, Santiago Garcia-Milá, heureux que les politiques européennes de transport prennent en compte les corridors Sud. En écho à Christine Cabau-Woehrel, qui appelait de ses vœux des actes concrets, il a suggéré que le Forum se fixe à l'avenir un ou plusieurs objectifs, même modestes, avant de se réunir.
Résultats du questionnaire en mains, l'hôte de la manifestation annonçait pour finir la tenue d'un Med Ports 2 "le plus tôt possible", en souhaitant que l'audience s'élargisse significativement sous l'impulsion des présents : "Nous gardons le contact, ce n'est que le début".
La création d'une plateforme internet devrait être le premier résultat concret de ce forum et la première pierre vers l'éventuelle création d'une structure permanente souhaitée par une grande majorité des ports présents.
Par Franck André - Source de l'article Lantenne
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