Oran : une longue histoire méditerranéenne et une potentielle métropole du futur

La wilaya d’Oran est une structure administrative au Nord-Ouest de l’Algérie. La wilaya d’Oran compte 9 daïras:daïra d’Oran; daïra d’Aïn-el-Turk ; daïra d’Arzew; daïra de Bethioua; daïra d’Es Senia; daïra de Bir El Djir; daïra de Boutlélis; daïra d’Oued Tlela, daïra de Gdyel. 

Oran, la superbe.

Elle avoisinait en 2008 1 454 078 habitants mais actuellement dépasserait 1,6 millions d’habitants pour une superficie de 2 114 km2, elle est bordée à l’est par la wilaya de Mostaganem, au sud est par celle de Mascara, au sud ouest par celle de Sidi Bel Abbès et à l’Ouest par celle de Ain Temouchent. 
La wilaya a un climat méditerranéen, son relief est marqué notamment par une façade maritime composée de côtes rocheuses s’étalant des monts d’Arzew jusqu’à Mers El Kebir à l’Ouest et du Cap Lindles jusqu’à Cap Sigal, limite administrative de la wilaya avec des plages sableuses de la basse plaine de Bousfer, les Andalouses et la baie d’Arzew.

Le plateau d’Oran-Gdyel qui s’étend sur une vaste superficie, des piémonts du Murdjadjo, jusqu’au Sahel d’Arzew, La partie orientale de la plaine de la m’leta entre les piémonts Sud de Tessala, les coteaux de la forêt de Moulay Ismail et la bordure immédiate de la grande Sebkha constituée par une dépression située à 80 m d’altitude d’une étendue dépassant les 30 000 ha (près de 1/6 de la surface de la wilaya).

1.- Oran une wilaya à fortes potentialités

Bon nombre d’historiens rappellent que le nom «Wahran» (Oran) vient du mot arabe «wahr» (lion») et de son duel (deux) Wahran (deux lions). La légende dit qu’a l’époque (vers l’an 900), il y avait encore des lions qi se trouvaient sur la montagne près d’Oran et qui d’ailleurs s’appelle «la montagne des lions». Il existe, devant la mairie d’Oran, deux grandes statuts symbolisant les deux lions en question. Oran aurait été créé en 902 par les marins andalous et a connu différentes occupations d’où les conflits entre Omeyyades d’Espagne et Fatimides de Kairouan. 
En1016, la ville devient Omeyyade et en 1081, c’est l’avènement de l’empire almoravide. Selon le site touristique d’Oran je le cite Avec le début du 13ème siècle c’est la constitution des royaumes de l’est et de Tlemcen sur le corps de l’empire Almohades tandis qu’au Maroc, les Mérinides commencent à prendre du terrain sur l’autorité de l’empire. Le royaume zyanide de Tlemcen, dont font partie Oran et sa province, est alors pris en étau entre les Hafcides de l’est et les Mérinides de l’ouest…..les Mérinides vont, à un certain moment, jusqu’à proposer la paix avec Tlemcen à condition de continuer de garder Oran. Durant toute cette période aussi, la ville d’Oran sera tour à tour et plusieurs fois de suite, zeyanide, Mérinide, hafcide. 
Le premier siège Mérinide d’Oran a lieu en 1296, et la dernière tentative des rois de l’ouest de rependre Oran a lieu en 1368 sous le roi zeyanide Abou Hammou Moussa II… Suit alors une longue période Tragique marquée par les luttes intestines au sein du royaume de Tlemcen pour la succession au tronc jusqu’en 1425 période du sultan hafcide Abou Farés, qui reprend tout le Maghreb central… 
C’est sans doute à la faveur de ces dissensions et ces déchirements continus. qui affaiblissent le royaume. que se fait la prise d’Oran par les Espagnols en 1509 après l’occupation de Mers-el-Kebir». Cela commence par un massacre et se termine par un tremblement de terre. La première libération d’Oran s’est faite en 1705 par le Bey Bouchelagham qui en fit le siège du beylick. Mais cette libération est de courte durée puisque les Espagnols reprennent la ville mais prend fin en le 08 octobre 1792. La ville est assiégée par Mohamed ben Othman, dit Mohamed El Kebir mais au cours de la de la première nuit du siège, un tremblement de terre détruit Oran. Le Bey propose un traité au roi Charles IV et dès 1792 les Espagnols quittent définitivement Oran.

La Sebkha

En 1831, la ville comme le reste du pays devint colonie française. La ville a été préfecture du département d’Oran qui occupait tout l’ouest. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le 3 Juillet 1940 la flotte française du gouvernement de Vichy basée à Mers el Kébir, fut bombardée par la flotte anglaise venant de Gibraltar. Le 8 novembre 1942, c’est au tour des anglo-américains de débarquer, prélude au débarquement en Italie. 
Durant la guerre de libération nationale, Oran, à l’Instar de toutes les wilayas du pays, a payé lourd tribu pour que l’Algérie retrouve sa souveraineté. Du point de vue économique en m’en tenant à la période récente, un recensement économique (RE) de 2014 révèle qu’en Algérie plus de 617.550 entités économiques sont concentrées dans la région nord du pays, soit deux tiers de l’ensemble (934.250 entités). La région Nord Ouest avec ses sept wilayas compte 166.632 entités dont plus de 89% se trouvent dans le secteur tertiaire et 9,9% dans l’industrie. 
Oran arrive en tête avec 52.852 entités suivie par Tlemcen (30.086) et Mascara (20.975 unités). La wilaya recèle une superficie agricole utile de 90.271 ha ; la superficie forestière s’étale sur 41260 ha. Ses potentialités économiques sont l’Agriculture, l’Industrie, la Pêche, les nouvelles technologies et le Tourisme. Des campus comme l’USTO Mohamed-Boudiaf d’Oran, le pôle de Belgaïd, ou encore l’Université Abou Bakr Belkaïd peuvent servir de segment dynamisant pour la wilaya pour peu que la qualité l’emporte sur la quantité. C’est que la wilaya d’Oran aspire à se hisser au rang des grandes métropoles ; elle en a les potentialités. 
Elle est dotée d’infrastructures de base non négligeables (routes, ports, aéroport), abrite les plus grands complexes pétroliers et gaziers du pays, une cote attrayante sur la mer ce qui lui permet, sous condition d’une gestion optimale offrir des conditions satisfaisantes à l’activité économique et commerciale. Les extensions des ports dont le Port d’Arzew, pôle pétrochimique, et l’aéroport Ahmed Ben Bella, les différents plans directeurs d’aménagements urbains (PDAU afin d’éviter les tensions actuelles devraient permettre une meilleure fluidité de la circulation des personnes et des marchandises.

De grands projets sont en cours encore que le déficit en infrastructures persiste. Outre l’urgence de la protection de la grande Sebkha d’Oran, cette zone humide, étant classée site mondial par la convention «Ramsar» a bénéficié d’opérations d’aménagement s’étalant sur plusieurs années, dans le cadre d’une vision globale notamment des stations de traitement des eaux usées au contrebas d’El Kerma (pour la protection de l’environnement et la mise en valeur des terres agricoles. 
Les eaux traitées devraient être déversées dans ce lac salé, faisant partie du bassin versant de la grande Sebkha étalée sur une superficie de 2.275 m2 comprenant les wilayas d’Oran Sidi Bel-Abbes et Ain Temouchent. A l’instar des autres wilayas, i y a, à Oran, une forte et constamment croissante demande de logements, accentuée par la présence d’un tissu d’habitats précaires et de bidonvilles qui viennent se greffer aux centres urbains, à l’image des Planteurs, Ras El-Aïn, El-Hassi, Chteïbo, Sidi El-Bachir. Pourtant, selon les données de la wilaya un vaste programme de logements a été réalisé ou est en cours de livraisons relatif à la situation des programmes de réalisation de logements publics locatifs (LPL, social).

2.- L’émergence d’une métropole suppose des managers locaux

Et cela n’est propre à Oran mais concerne toutes les grandes agglomérations qui pour devenir de grandes métropoles (Est- Centre- Ouest -Sud-) impliquent des managers locaux et s’inscrire dans le cadre de grands espaces régionaux. L’on devra éviter de poser de mauvaises questions à de faux problèmes faute de vision stratégique. 
Et se pose plusieurs questions en termes d’opportunités puisque l’objectif est de rapprocher les structures de l’Etat des citoyens. Pour devenir une métropole, la stratégie consiste à aller vers une réelle politique de décentralisation, à ne pas confondre avec la déconcentration. De la commune providence à la commune manager Le siège de la commune est le premier repère pour le citoyen dans son jugement sur la grandeur de l’Etat républicain. 
Il est bien évident que l’état de délabrement de la bâtisse, l’absence d’entretien des espaces ouverts, la tenue des fonctionnaires, le mauvais accueil, comme c’est souvent le cas, ne peuvent que renvoyer à une image négative de la perception de la notion d’Etat. Dans la pratique quotidienne, que ce soit pour un extrait de naissance ou tout autre document, le citoyen mal renseigné sur ses droits et livré à lui-même dans le labyrinthe de l’administration est ballotté de service en service. 
Quand ce type d’attitude devient répétitif, cela génère une forme de divorce entre le citoyen et l’Etat et souvent une perte de confiance. Cellule de base par excellence, la commune algérienne est régie par des textes qui ne sont plus d’actualité, autrement dit frappés de caducité. L’implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l’avenir des générations futures, est une manière pour l’Etat de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d’arbitre de la demande sociale.

L’Etat, soucieux du regain de sa crédibilité, devra se manifester par sa présence et sa disponibilité d’écoute au niveau des communes, voire des quartiers et centres ruraux, où ses actions doivent être les plus perceptibles. La commune devra donc assurer sa mutation profonde, pour devenir un espace de convivialité qui intègre dans sa démarche l’action citoyenne du mouvement associatif. 
Après la «commune providence» du tout-Etat, l’heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale pour une valeur ajoutée réelle et non se limiter à ces faux emplois où l’on refait annuellement les trottoirs. 
C’est dans ce contexte que la commune doit apparaître comme un élément fédérateur de toutes les bonnes volontés et initiatives qui participent à l’amélioration du cadre de vie du citoyen, à la valorisation et au marketing d’un espace. C’est à la commune que reviendra ainsi la charge de promouvoir son espace pour l’accueil des entreprises et de l’investissement. Cette mutation soulève évidemment la question des moyens et surtout celle de leur optimisation. 
La réforme de la fiscalité locale nécessaire devra prendre en charge les ressources propres dont doivent disposer les communes, selon les compétences qui leur seront attribuées, ainsi que les péréquations qui permettront d’aider les moins favorisées d’entre elles. L’image de la commune-manager repose sur la nécessité de faire plus et mieux avec des ressources restreintes, évitant le gaspillage, ce qui exclut obligatoirement le pilotage à vue, au profit des actions fiabilisées par des perspectives de long terme d’une part, et les arbitrages cohérents d’autre part, qu’implique la rigueur de l’acte de gestion.

3.- La métropole suppose la transition de l’Etat jacobin à un Etat décentralisé

En tant que responsable de la politique économique et animateur-régulateur, l’Etat aura vraisemblablement à se dessaisir des charges d’administration en rapport avec la gestion des territoires des communes, pour permettre à ces dernières d’assumer pleinement leurs missions de managers de leurs espaces respectifs. 
Les transferts de compétences de l’État vers les collectivités territoriales doivent être accompagnés d’un abandon effectif de la mission correspondante par les services de l’État, et du redéploiement de l’intégralité des agents de l’État concernés, pour éviter les doublons entre les actions de l’État et des collectivités territoriales. L’on pourrait imaginer de grands pôles régionaux. 
C’est pourquoi la fonction de Wali- dont le rôle essentiel est celui d’animation et de coordination des communes, ne doit plus répondre aux critères actuels où l’administratif prime mais à des hommes managers d’un niveau intellectuel élevé et d’une haute moralité. Les expériences nous enseignent que les technopoles sont de véritables moteurs de croissance pour les pays, si tant est que les décideurs réalisent le bon choix de modèle en fonction du contexte du pays.

Mais la réussite implique une action coordonnée comme suit : Premièrement, impliquer les acteurs clés. Pour créer les conditions qui permettront à la fois d’attirer les investissements, de créer de l’emploi et de stimuler les innovations, la métropole oranaise assisse sur les technopoles doit être soutenue à la fois par les acteurs publics notamment dans le domaine des incitations fiscales, des subventions temporaires, du foncier avec toutes les utilités et commodités (Etat, banques publiques, universités…) et privés (entreprises, banques privées, chambre de commerce, syndicats patronaux. Dans ce cadre, l’on peut dynamiser l’entrepreneuriat féminin actuellement marginalisé.

Deuxièmement, l’efficacité doit reposer un modèle opérationnel performant et une gouvernance efficace. En matière de gouvernance, la pérennité de la technopole repose sur une autonomie de gestion et une autonomie financière qui lui permettent, de dynamiser la recherche de clients entreprises et pour des partenariats avec des entreprises externes. Pour contribuer durablement à la création d’emplois dans le pays, la technopole doit s’inscrire dans le cadre d’une politique d’innovation nationale définissant les secteurs prioritaires (industrie, énergie, agroalimentaire, services, etc.) en matière d’innovation, sur le long terme.

Troisièmement, adapter le modèle de financement. Le modèle de financement et d’exploitation de la technopole doit être construit en y associant plusieurs partenaires dans le cadre d’un partenariat public-privé. Un cadre réglementaire incitatif doit être mis en place en matière d’investissements pour faciliter le financement des jeunes entreprises innovantes et en matière de fiscalité .Quatrièmement, les technopoles doivent s’insérer dans le cadre de la concurrence internationale. Il s’agit de faire le marketing de l’offre en matière de prestations offertes aux entreprises (centres de conférences, bibliothèque, salles de réunions, helpdesk…). 
Cela nécessite une nouvelle politique de l’aménagement du territoire Nous assistons, hélas, à des constructions anarchiques avec le manque d’homogénéisation dans le mode architectural, un taux accéléré d’urbanisation avec des bidonvilles autour des grandes villes, avec le risque de l’extension de nouvelles formes de violence à travers le banditisme et de maux sociaux comme la drogue et la prostitution. Cela témoigne d’actions urgentes dont la responsabilité ne concerne pas seulement un département ministériel en symbiose avec les collectivités locales.

L’aménagement du territoire devra répondre aux besoins des populations en quelque lieu qu’elles se trouvent et assurer la mise en valeur de chaque portion de l’espace où elles sont installées. Il ne s’agira pas d’opposer le rural à l’urbain, les métropoles aux provinces, les grandes villes aux petites mais d’organiser leurs solidarités à travers des réseaux rénovés qui tiennent compte des mutations, tant internes que de l’économie mondialisée, en favorisant une armature urbaine souple à travers les réseaux par la fluidité des échanges, la circulation des personnes, des biens, les infrastructures et les réseaux de communication. Cela implique une nouvelle architecture des villes, des sous-systèmes de réseaux mieux articulés, plus interdépendants bien que autonomes dans leurs décisions, évitant le gigantisme.

En résumé, il y a urgence d’une stratégie plus globale, au sein de l’espace euro-méditerranéen et africain afin d’éviter les tensions régionales dépassant l’espace Algérie. Cela devra inclure la protection de l’environnement, impliquant un nouveau modèle énergétique pour un développement durable qui protège les générations futures et se situer actuelles. 
La situation géographique de l’Algérie est stratégique. En face de l’Europe, côtoyant la Tunisie, l’Atlantique Maroc/Mauritanie, la Libye, le Mali et le Niger comme point d’appui de l’Afrique sub-saharienne, l’Algérie s’étend sur 2 380 000 km2 dont 2100 000 km2 d’espace saharien. La densité paraît faible, mais les 9/10e de la population sont concentrés sur les terres du Nord. 
Or, l’objectif stratégique horizon 2020/2025 est éviter que plus de 95% de la population vivent sur moins de 10% du territoire et avoir une autre vision de l’aménagement de l’espace afin de rapprocher l’Etat du citoyen pour sa participation à la gestion de la Cité, supposant une profonde réforme de l’Etat et une démocratisation de la société tenant compte de son anthropologie culturelle.

Par Abderahmane Mebtoul (Analyste) - Source de l'article Le Matindz

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