Le 5 novembre prochain, la Villa Méditerranée accueille les premières rencontres du crowdfunding en Méditerranée. A l'origine de cette après-midi consacrée au financement participatif, l'association Pop Finance. Son vice-président Patrick Le Camus est venu sur le plateau de Marsactu présenter l'initiative.
Financer par la foule, participatif, populaire... Le français offre de nombreuses alternatives à l'expression anglaise crowdfunding. C'est pourtant elle qui continue à servir d'étendard à ceux qui défendent ce nouveau mode d'économie collaborative. Pour le vice-président de l'association Pop Finance, Patrick Le Camus, ce mouvement qui se cherche un nom est à l'image des débuts du cinématographe. "Il a fallu du temps pour que les gens s'approprient ce nom et finissent par dire cinéma puis ciné. L'expression française de financement participatif est une bonne définition mais ce sont les utilisateurs qui trouveront la bonne appellation." Ils tentent donc Pop Finance mais continuent de mettre en avant le terme anglais pour ces premières rencontres méditerranéennes.
Dans le cadre de la semaine économique de la Méditerranée, ladite association présente donc ces premières rencontres autour d'un phénomène financier récent, surtout sur la rive Sud de la mer commune. "C'est un phénomène tout à fait récent. Il vient d'éclore. Il n'y a pas de raison qu'il n'apparaisse pas. La banque mondiale a fait une étude sur les pays en développement -et pas seulement ceux du bassin méditerranéen- et ils y voyaient beaucoup de freins et de potentiel. Je pense vraiment qu'ils ont sous-estimé ce potentiel." Pour cette première étape, ils n'ont pas réussi à dresser un tableau complet des expériences de toutes les rives. "Il y aura des initiatives d'Egypte et de pays francophones comme le Liban, le Maroc et la Tunisie". Des expériences similaires existent en Algérie qui n'ont pas pu être présentées pour ces premières rencontres.
La téléphonie en pointe
Comme partout ailleurs dans le monde, ce phénomène de financement participatif prend de l'ampleur en même temps que s'étendent les réseaux sociaux. Et quand le bas débit condamne les internautes à regarder tourner le sablier, les réseaux de téléphonie mobile prennent le relais."Réussir une levée de fonds par une plate-forme de crowdfunding, cela demande une bonne maîtrise des campagnes d'e-mailing, de multiplication de contacts via Facebook, Twitter ou Youtube. Il faut essayer d'élargir les cercles et faire en sorte que chaque contributeur devienne à son tour un ambassadeur." Selon, Patrick Le Camus, les plate-formes qui émergent ont réussi à contourner le problème de "taille des tuyaux" de l'Internet naissant pour basculer sur le réseau de téléphonie.
Il existe également des freins plus culturels. Si en Europe, les possibilités de contribution anonyme restent limitées aux frontières "pas linguistiques" mais nationales, dans certains pays du Sud, les frontières peuvent se resserrer sur les métropoles. "Nous avons l'exemple d'une personne qui vit à Marrakech et jamais ne mettra un dirham dans un projet qui se fait à Fès. Je pense que ces freins vont être très rapidement levés car les générations qui arrivent ont une appréhension très vive de ce qui se passe au niveau global. Or, le crowdfunding fonctionne à l'articulation du global et du local."
Ce subtil équilibre entre les deux échelons fonctionnent également pour les quartiers populaires. Pop Finance a participé à un atelier sur le développement économique des quartiers en difficulté organisé par la mission de préfiguration de la métropole. Puis le débat toujours recommencé sur l'institution naissante a mis sous le boisseau la réflexion commune. "Toutes les campagnes de crowdfunding commencent par essayer de rassembler l'argent des gens qu'on connaît le plus directement et qui seront le plus à même de mettre les premiers euros. Une campagne qui reste à zéro ne trouve jamais de contributeurs. Vous n'entrez pas dans un restaurant vide."
Premières rencontres du crowdfunding en Méditerranée, le 5 novembre de 13h30 à 17h30 à la Villa Méditerranée.
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