La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a proposé jeudi d'augmenter l'aide financière de l'UE à la Tunisie, pour la faire passer à 300 millions d'euros en 2017, afin de répondre à la profonde crise économique que traverse ce pays.
Cela correspondrait à un quasi doublement du montant de l'allocation moyenne de ces trois dernières années, qui était d'environ 170 millions, a-t-on expliqué à la Commission européenne.
La proposition, adoptée jeudi par l'exécutif européen, cible le développement socio-économique, l'aide aux entreprises et la lutte contre le chômage, conformément aux priorités du Plan de développement 2016-2020 présenté cette année par le gouvernement tunisien. Notre soutien se concentre surtout sur la jeunesse, l'investissement sur la jeunesse (...), c'est une question d'urgence sociale, a déclaré Mme Mogherini au cours d'une conférence de presse à Bruxelles aux côtés du commissaire européen chargé des relations avec les pays voisins, Johannes Hahn. L'objectif de la Commission, qui doit désormais convaincre les 28 Etats membres et le Parlement européen, est d'augmenter l'assistance financière bilatérale à 300 millions d'euros en 2017 et de maintenir ce soutien renforcé jusqu'en 2020, selon un communiqué.
La Tunisie, a déjà reçu ces dernières années des prêts de plusieurs centaines de millions d'euros par le biais d'un instrument d'assistance financière de l'UE à ses voisins intervenant en complément des aides du Fonds monétaire international (FMI). Un premier programme de prêts d'un montant de 300 millions d'euros avait été approuvé en 2014 et un deuxième, portant sur 500 millions, l'a été cet été. Les versements, encore partiels pour le moment, sont liés à la mise en œuvre de réformes structurelles. Par ailleurs, un nouveau plan d'aide de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans a été signé en mai par la Tunisie et le FMI. La situation économique au plan national ainsi que les équilibres financiers continuent à faire face à de fortes pressions malgré les signes d'une amélioration relative au niveau des secteurs des industries manufacturières et des services, a- relevé Moghrini.
L'économie tunisienne dans un état d'urgence
Confrontée à des niveaux très élevés de déficit public et de dette, sur fond de croissance atone, la Tunisie est en état d'urgence économique, a prévenu mercredi le ministre tunisien de l'Investissement Fadhel Abdelkéfi, et ce à l'approche d'une conférence internationale des investisseurs à Tunis.
Jeudi, la banque centrale de ce pays a fait état d'une faible croissance, de 1,2%, au premier trimestre par rapport à la même période de 2015.
La situation imposerait que l'on commence à investir dans ce pays. Si la Tunisie est en état d'urgence contre le terrorisme, il faudrait que tout le monde comprenne qu'on est aussi dans un état d'urgence économique, a dit le ministre de l'Investissement, Fadhel Abdelkéfi, lors d'une rencontre organisée par la chambre de commerce tuniso-britannique. Ajoutant que la situation macro-économique du pays est extrêmement inquiétante. M. Abdelkéfi a notamment évoqué un déficit public abyssal à 6,5% du PIB et une dette (publique) de 63% (du PIB) qui a plus que doublé en cinq ans. Dans le même temps, il a relevé que la croissance en 2016 serait inférieure à 1,4%, loin des 2,5% escomptés. Le ministre a notamment déploré la forte hausse, depuis la révolution de 2011, de la masse salariale dans la fonction publique, passée selon lui de 6 milliards de dinars (2,5 milliards d'euros) à 13 milliards (5,3 mds EUR). Devant un parterre d'hommes d'affaires, Fadhel Abdelkéfi a toutefois exprimé la détermination du nouveau gouvernement, entré en fonctions début septembre. On va essayer d'arrêter cette spirale destructrice de la Tunisie, a-t-il dit.
On va s'attaquer au mal (...) J'ai un espoir énorme dans ce pays, a assuré M. Abdelkéfi. De sa part et dans une interview diffusée mercredi soir par la chaîne nationale, le Premier ministre Youssef Chahed a annoncé qu'une loi dite d'urgence économique va permettre durant trois ans des facilités administratives pour les projets nationaux prioritaires qui ont une grande capacité de recrutement surtout dans l'intérieur du pays. La Tunisie, qui a pâti de son instabilité postrévolutionnaire, compte sur la conférence des investisseurs des 29-30 novembre, en présence de plus d'un millier d'entreprises, pour améliorer son attractivité. Un nouveau code de l'investissement censé favoriser le climat des affaires entrera en vigueur au 1er janvier. L'unique pays rescapé des Printemps arabes est confronté à d'importantes difficultés économiques et de fréquents mouvements sociaux. Il a signé en mai un nouveau plan d'aide de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans avec le Fonds monétaire international (FMI).
La Tunisie a aussi été le théâtre en 2015 et début 2016 d'une série d'attaques jihadistes sanglantes qui ont ravagé son secteur touristique. L'état d'urgence est en vigueur depuis 10 mois et a récemment été prolongé pour 30 jours.
La Tunisie a notamment été le théâtre en 2015 et début 2016 d'une série d'attaques jihadistes sanglantes qui ont ravagé son secteur touristique. Une conférence internationale des investisseurs doit se dérouler à Tunis les 29 et 30 novembre prochains pour tenter de stimuler l'attractivité économique de ce pays.
Source de l'article LeMaghrebdz
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