Pour Preure, le Maghreb peut être la "pile électrique" de l’Europe, Attar défend le gaz de schiste


Des experts algériens et français ont appelé, dimanche à Alger, à un nouveau modèle partenarial entre l’Europe et le Maghreb basé sur la transition énergétique vers les "renouvelables", qui pourra à la fois faire face à la dépendance énergétique croissante de l’Europe et anticiper la forte demande d’énergie au Maghreb.

"La transition énergétique peut être le cadre d’un nouveau partenariat entre pays producteurs et consommateurs. Ce partenariat garantit autant la sécurité d’approvisionnement pour les consommateurs que la sécurité des débouchés énergétiques pour les producteurs", a expliqué l’expert algérien Mourad Preure, lors d’un colloque international sur le co-développement Europe-Maghreb, organisé par le cabinet Emergy. Le Maghreb peut ainsi devenir la "pile électrique" de l’Europe tout en créant un "cercle vertueux" qui entraînerait entreprises et universités des deux rives de la Méditerranée, selon cet expert de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED). Ce nouveau type de partenariat permettra de remettre les entreprises européennes en position "offensive" d’une part, et de réaliser le vaste programme algérien des énergies renouvelables d’une autre part, selon les explications de M. Preure. "Les entreprises algériennes et françaises dans un premier temps, puis européennes, pourraient développer et établir un leadership technologique, idéal pour la réduction du coût du kilowatt", a-t-il soutenu. Pour cet expert, "ce nouveau partenariat est multidimensionnel puisqu’il ouvre des perspectives pour un partenariat économique", ajoutant que "l’énergie pourrait être le levier d’intégration régionale".

« Communauté euro-méditerranéenne de l’énergie »
"C’est dans cet esprit, et avec la densification des liens industriels et technologiques que doit se construire la communauté euro-méditerranéenne de l’énergie", a souligné M. Preure, qui a affiché son souhait de voir la visite prochaine du M. François Hollande à Alger donner lieu à un accord entre les deux pays pour engager des travaux plus approfondis sur ce thème. Plusieurs éléments justifient la nécessité de passer d’une relation d’import-export, entre les pays de la région, à ce nouveau paradigme énergétique régional, notamment la dépendance énergétique de l’Europe qui tend à s’accroître de 53% actuellement à 80% en 2030. Le potentiel solaire du sud méditerranéen pourra jouer un rôle "majeur" dans l’équilibre des besoins de l’Europe à long terme, face à l’"agressivité" commerciale des Russes et Qataris, a expliqué l’expert. Par ailleurs, la demande d’électricité dans les pays de la rive Sud, est appelée à augmenter "considérablement". La consommation électrique locale en Algérie, à titre d’exemple, va doubler à l’horizon 2019, par rapport à son niveau en 2008, selon les données de la CREG (Commission de l’électricité et du gaz).

Attar : le recours au schiste est nécessaire
De son côté, M. Abdelmadjid Attar, président du bureau d’études "Petrochem 2000", l’Algérie a insisté sur la nécessité du recours au gaz de schiste afin de faire face à la baisse de ses réserves d’hydrocarbures à long terme. Selon M. Attar, qui a évoqué le "miracle américain", qui a permis aux Etats-Unis leur autosuffisance énergétique, grâce à cette énergie non conventionnelle, le potentiel récupérable de l’Algérie est de plus de 2.500 milliards m3. "L’Europe n’est pas en mesure de reproduire le miracle américain, ce qui ouvre la porte pour une intégration productive avec l’Algérie qui vise également à produire 22.000 Mw d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030", a estimé M. Attar, qui a plaidé pour une large exploration de tout le territoire national notamment les régions du sud-ouest du pays afin de faire face à une demande sans cesse en hausse. La demande d’énergie progresse en Algérie de 4% annuellement pour les hydrocarbures, de 8% pour les carburants, et de 7% pour le gaz, selon cet ancien PDG de Sonatrach, qui recommande "un meilleur usage des modes de production et de consommation". "Aucun pays n’a opté pour une transition énergétique totale vers les renouvelables. Les stratégies doivent être basées sur des solutions mixtes en s’adaptant aux nouveaux besoins et changements du marché", a-t-il ajouté. De son côté, le directeur exécutif du Plan solaire méditerranéen PSM, M.Christian Stoffaës, a rappelé que les énergies renouvelables ont été à l’origine de beaucoup de projets d’intégration régionale tels que ceux prônés par l’UPM (Union pour la Méditerranée). Pour lui, le développement des projets de coopération dans ce domaine, ne peut pas se passer du soutien public, citant l’exemple de l’Allemagne qui dépense, selon lui, plus de 5 milliards de dollars annuellement pour soutenir le développement des énergies renouvelables.
Source de l’article LeMaghrebemergent

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