Le dernier cru de Meditour à Marseille montre que pour conserver sa place de numéro un mondial, le tourisme méditerranéen doit aujourd'hui se renouveler sur le plan de l'accueil et du marketing. Une ou des marques méditerranéennes pourraient offrir une identité régionale et faciliter la promotion des destinations du bassin.
Les habitudes des touristes évoluent, les professionnels s'adaptent. Ce challenge concerne au premier chef la Méditerranée, région touristique la plus fréquentée de la planète avec le tiers des arrivées de touristes internationaux en 2011.
Le forum de Meditour, organisé à Marseille les 26 et 27 novembre 2012 par l'Ascame (Assemblée des Chambres de commerce et d'industrie méditerranéennes) et la CCI Marseille Provence, montre qu'ici plus qu'ailleurs, la gestion de l'après Printemps arabe et de la crise économique nécessitent de ne pas s'endormir sur des lauriers qui pourraient bien vite se faner.
En premier lieu, face à une exigence de plus en plus élevée des touristes, il faut soigner l'accueil, « qui commence par les points d'entrée du territoire comme les aéroports » commente Corinne Lespinasse-Taraba, sous-directeur ingénierie chez Atout France. « Les Méditerranéens disposent d'un avantage concurrentiel avec une convivialité naturelle, mais ça ne suffit pas » poursuit-elle. Surtout quand les populations locales perçoivent le touriste comme source de nuisance. « Les Barcelonais par exemple étudient comment les relations humaines se déploient, comment les touristes et les habitants se comportent..»
Habib Ammar, directeur général de l'Office national de tourisme tunisien, travaille à la mise en place, au sein de son organisme, d'une cellule de gestion des plaintes des clients. Il insiste aussi sur « le volet formation, notamment des réceptionnistes, primordial pour offrir le meilleur accueil. »
Nécessité d'une stratégie marketing globale
Si la tradition doit être respectée, il ne faut pas hésiter aussi à innover (photo F.Dubessy) |
L'innovation demeure la clef du succès pour continuer à séduire les touristes. Les professionnels du voyage se tournent ainsi de plus en plus vers la distribution multicanal. Disposer d'une agence pour atteindre le client ne suffit plus. Internet, Facebook et autres réseaux sociaux ne « sont plus une option, mais une obligation » comme le souligne Lucien Salemi, président du SNAV (Syndicat national des agents de voyage) Méditerranée.
Mais s'impliquer dans ces nouveaux eldorados ne doit pas devenir une fin en soi. « Les médias sociaux ne représentent qu'une partie d'une stratégie marketing globale. Je retrouve cette erreur tous les jours : aucun focus, aucune stratégie et donc finalement aucun résultat avec les réseaux sociaux. Je dirais même que le premier point sur lequel toute compagnie ou destination devrait d'abord se concentrer reste la définition d'une stratégie marketing globale » commente Gema Garrido Romero, directrice de Ten Turismo, agence espagnole de marketing spécialisée dans le tourisme.
En 2007, la région de Mersin en Turquie lançait une plate-forme de réflexion pour les professionnels afin de soutenir la compétitivité et le développement durable du secteur touristique. Dernier projet mené à bien en juin 2012, l'inauguration d'un ferry entre Tripoli (Liban) et Mersin pour réveiller le tourisme entre les deux pays.
Pour Lucien Salemi, « connaître le profil des clients s'avère indispensable pour mieux les conseiller. Il faut donc passer par des outils comme le CRM (ndlr : Gestion de la relation client). »
La Méditerranée se démarque
Une idée parcourt depuis quelques temps les rives de la Méditerranée et accoste sur les rives du Lacydon à Marseille pour ce cru 2012 de Meditour.
Cette idée repose sur le constat que les pays, du nord, du sud ou de l'est de la Méditerranée, « disposent de ressources touristiques comparables » comme le souligne Maxime Weigert, chargé de recherche à l'Ipemed (Institut de prospective économique du monde méditerranéen).
Climat, topographie, patrimoine culturel très riche, cette identité commune régionale pourrait se traduire dans une (ou plusieurs) marque méditerranéenne de tourisme. Une bannière commune pour partir à la conquête des marchés extérieurs. « Ce projet se prêterait particulièrement au processus euro-méditerranéen, dont l'objectif est d'édifier un espace régional nord-sud dans lequel la complémentarité et la cohésion des pays associés devraient, en toute hypothèse, prévaloir sur la division et la rivalité » commente Maxime Weigert.
La CCI de Malaga et celle d'Almeria travaillent désormais ensemble à la création de produits touristiques mixtes. « Nous envisageons la création de sept produits communs dont trois ou quatre avec le Maroc » explique Esther Martinez-Reyez, responsable du tourisme à la CCI de Malaga. Une nouvelle pierre à l'édifice d'une marque méditerranéenne commune !
Alors que les professionnels apprennent déjà à échanger au sein de programmes comme ShMILE 2. Regroupant la Tunisie, l’Égypte, la Jordanie, la Grèce, l'Italie et la France, ce projet européen porté par la CCI Nice Côte d'Azur, vise à promouvoir un tourisme durable et à réduire les risques environnementaux dans la région méditerranéenne. Une thématique placé au centre des stratégies touristiques comme l'indique encore le thème « vers un tourisme durable en Méditerranée» choisi pour la 11e conférence de la Femip (Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat) qui se tenait le 27 novembre 2012 à Marseille.
Lumière et soleil obligent, la Méditerranée a inspiré de tout temps les peintres puis les réalisateurs, hier seulement pour le cinéma, mais aujourd'hui aussi pour les séries télé, les publicités et l'Internet. Ce phénomène grandissant lève le rideau sur le cinétourisme. Les retombées économiques des tournages (hébergement et restauration des équipes) continuent bien après le clap final à produire leurs effets avec les visites des lieux par les touristes. Piloté par la CCI Marseille Provence et le programme européen Invest In Med, Moviemed se présente comme un réseau regroupant le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, l'Espagne, la France et le Liban pour favoriser la production audiovisuelle méditerranéenne et développer, avec elle, des synergies avec le tourisme.
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